"Dérapage", "Sculptrues", "Tour 106, 122 M2_ Le Pavé dans la Marre", "Cache-tags", etc. ou encore à Fontenay-le-Comte "Chirurgie artistique" et "Airchitectures". Les titres que Cécile Meynier donne à ses œuvres nous annoncent directement la couleur de son travail dont l’espace, l’architecture, le territoire urbain en sont le support. Ni papier, ni toile mais des murs, des fenêtres, des sols, des plafonds comme base. L’environnement quotidien l’inspire. Cécile Meynier cherche davantage à faire déraper la perception qu’elle en a qu’à mettre en valeur la composition du lieu. Aussi, la manipulation, la perturbation, le prélèvement, le décalage, le désordre, la mutation, appartiennent à son vocabulaire plastique.
À Fontenay, la Maison Jean Chevolleau est revisitée par l’artiste. Cécile observe, cherche, scrute, repère. Ses découvertes, qu’elles soient architecturales ou objectales, définissent son travail. Elle puise dans ce qui existe déjà, en troublant toutefois l’ordre des choses.
Des objets perdus et regroupés, entassés, enchevêtrés les uns aux autres dans un coin du grenier de la Maison Chevolleau, subissent un ravalement épidermique. Repeintes en rose bonbon, les parties seulement visibles et accessibles de ces derniers retrouvent une seconde jeunesse. La couleur n’est pas sans rappeler le fard à joues ou encore le vêtement, utilisés pour enjoliver ou pour paraître. Ces objets, proche du détritus, s’apparentent à des mannequins, si rapidement sous les projecteurs et si tôt oubliés. Peints en groupe et par la suite séparés et dispersés dans la maison, hors de leur lieu de trouvaille, ils laissent apparaître leurs retouches et dévoiler leur partielle « virginité ». Cette "Chirurgie artistique" évoque l’intervention de décembre 2005 à Besançon sur la Tour 1006, bâtisse en voie de démolition. Avant la destruction de celle-ci, l’artiste avait invité les habitants du quartier à peindre en rose et au rouleau les parties accessibles des quatre murs extérieurs. Par ce mixage entre la peinture en bâtiment, le tag et la peinture abstraite, la tour devint œuvre d’art pendant deux mois. Destinés au rebus, les objets revisités par Cécile Meynier deviennent des sculptures ou encore des abstractions picturales. Elle leur donne une dernière chance : montrer ce qui va disparaître ou ce qui va évoluer. 
"Airchitectures". S’emparer du mobilier et des ouvertures de la maison. Entre intérieur et extérieur ; entre imbrications et lieux de passages qu’impose l’espace architectural ; du vide au plein ; de l’intime à l’extraverti. C’est ce qui se produit avec ce vieux châssis vitré posé à terre ou encore ce fauteuil dont le cannage, usé, est remplacé par un cône en tissu rose et dont la forme et la raideur sont créées par l’air issu d’un ventilateur.
Les autres "Airchitectures" se voient de l’extérieur, du jardin. Des cônes en tissu noir - leur forme étant également engendrée par un ventilateur que le spectateur, cette fois-ci, ne voit pas mais devine - percent les fenêtres comme si le vide de celles-ci se matérialisait. Cette raideur, voire cette froideur, est cependant ici de temps à autre cassée par le vent, ce dernier venant donner aux cônes une ondulation organique, une forme corporelle ou encore animale. La forme géométrique et neutre devient littérale et onirique donnant à la maison une autre vision qu’en avait et qu’en souhaitait l’artiste. Entre va-et-vient formel et mouvant. En plus de ce retournement de situation, un renversement spatial s’impose. La découverte de l’œuvre se fait de l’extérieur et non plus dans l’espace de monstration. L’œuvre en sort, comme si elle comprenait qu’aujourd’hui, l’art contemporain se passait extra-muros. Manipulé par Cécile Meynier, l’espace mouvant du quotidien et de la ville devient territoire sculptural et pictural.
Stéphanie Barbon
Septembre 2007
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